Jiji

Par amour ou par fidélité ?

« La fidélité c’est l’amour qui dure dans le temps et dans l’espace » .

Je me souviens du jour où j’ai lu cette petite phrase. Je ne comprenais pas comment les mathématiques pouvaient définir un sentiment qui est en guerre contre lui-même : l’amour. Oui mais lequel ?

Il suffisait juste de scruter les réseaux sociaux ces deux derniers jours pour découvrir les différents visages de l’amour. Des visages qui ne ressemblent pas à la vérité que l’on connait. Un amour qui ne se résume plus à une fusion entre deux personnes. Un amour qui chante fort, qui chante faux. Un amour qui réclame l’attention des autres.

On me reproche quotidiennement d’être nostalgique, primitive, de croire toujours en les humains plus qu’en la technologie, de penser qu’un « bonjour » vaut mieux qu’un simple émoticône. Ceci est vrai, mais en cette problématique qu’est l’amour, je ne comprends pas encore pourquoi les NTIC semblent aussi importants.

Bref, revenons à notre sujet principal : l’amour, la fidélité, le temps, l’espace, les sentiments et tout ce qui touche à l’âme et au cœur. Les plus grandes chansons parlent d’amour. Les plus belles histoires racontent l’amour. Les flammes de ces courroux ardents qui brûlent les mille et un espoirs. Une étudiante universitaire me demande : « que se passe-t-il quand on arrête d’aimer ? »

Je ne sais pas. Je ne sais pas quoi lui répondre et puis, je réalise que je ne sais absolument pas ce qui se passe lorsqu’on fait taire notre cœur. Vous êtes en train de vous dire que je deviens folle et que le cœur battra toujours pour ceux qu’on aime. Oui. Mais, pensez un peu plus : que se passe-t-il quand la raison l’emporte ?

Rien. Il ne se passe effectivement rien et c’est là que l’on comprend que le cœur a été obligé de se taire pour permettre au devoir et au sens de la responsabilité de s’ériger en monarques absolus et de générer un système de défense : la fidélité. Celle-ci se métamorphose et se ramifie en plusieurs domaines pour créer une image plus vaste de ce qu’est l’amour collectif.

L’amour envers nos enfants, notre famille et nos amis vient nous consoler et nous porte secours lorsque ce « rien » arrive. L’amour des petites habitudes et des moments inattendus booste ces journées moroses qui s’écoulent lentement.

Ces différents aspects de l’amour prouvent en quelque sorte que les multiples visages ne sont donc pas des masques ou des impuretés, mais plutôt des réflexions sincères de nos états d’esprit. Des divergences concaves et convexes et même des tangentes qui ne se calculent qu’à la perfection.

Selon un article que je lisais, la fidélité est avant tout un engagement. Ainsi, ce concept idyllique lié à l’amour apparaît plus clair maintenant, puisque ce sentiment d’appartenance relève plus de la logique que des émotions. Être fidèle demeure une conviction personnelle malgré toutes les circonstances qui s’y opposent. Aimer, pour de vrai, du fond du cœur, reste par contre la consigne stricte d’un exercice imaginaire. Il est facile de dompter sa fidélité, de la travailler, de l’obliger à se rendre face aux lois de la raison. Pourtant il semble inutile d’oppresser un sentiment amoureux qui bat la chamade.

Je comprends finalement le sens scientifique de cette petite citation. Les maths m’ont finalement servi à voir les choses d’une autre manière. Il nous faut parfois une équation assez parfaite pour apprivoiser un sentiment qui n’est ni de temps, ni d’espace.


Mes P’tits journalistes contre le racisme

Pour donner du sens à l’apprentissage, une obsession que je ne sais toujours pas dépasser et, puisque notre séquence « Presse » arrive à ses fins, j’ai lancé un challenge à mes élèves de CM2: exprimer votre opinion en argumentant et en justifiant vos choix. Vous pouvez imaginer le vacarme qui eut lieu en une fraction de seconde, mais, soudain, au moment où je lève le « gobelet de parole » (un outil que j’ai mis en place pour mieux gérer la prise de parole et le temps de discussion), tout le monde se tait en attendant avec impatience le sujet. Ces instants fatidiques durant lesquels je les observais en tant qu’experte en communication et puis, tout bascule: imaginez qu’un ami de classe ne veut pas permettre à un autre de jouer avec vous en équipe, juste parce qu’il est d’une autre couleur, que diriez-vous et quelle serait votre réaction? Le premier retour me rassure le cœur. C’était Hélia, calme et posée d’habitude, elle ne put s’empêcher de balancer: « C’est du racisme Madame!« 

Oui, elle avait raison, c’est du racisme.

Pour plusieurs, ce sujet est assez banal qu’on n’en parle plus ces jours-ci, or, dans mon pays, il y a quelques mois, les gens s’affolaient quand ma fille leur racontait que son meilleur ami à la crèche est Sri-lankais.

Oui, dans mon pays, le racisme existe toujours, il va même au delà des nationalités, des couleurs ou des valeurs.

A leur grande surprise, cette fois-ci ils n’allaient pas travailler en IBG, (phases de travail en individuel, binôme puis groupe comme on est habitués dans mes classes) chacun prend son brouillon, se gratte la cervelle et essaie d’exprimer son avis. En les écoutant lire par la suite, je voyais la trame d’un excellent article se former. Grâce à leurs « petites » phrases certes, à leur taille, mais fortes comme un rock tout comme leurs âmes, voilà le meilleur de ce qu’elles et ils ont dit:

« Notre groupe s’amusait beaucoup en jouant à cache-cache, tout le monde riait jusqu’au moment où (Victoria MAHFOUD), Marc mon meilleur ami me dit qu’il ne veut pas que Jean-Louis joue avec nous, juste car il a la peau noire et qu’il est d’une autre nationalité (Patrick HRAIRI). Pour le défendre, j’interviens au près de Marc directement et lui demande d’arrêter ses moqueries et ses mots qui n’ont pas de sens (Thomas AZAR) et lui explique que même s’il existe une différence de couleur, de religion, de nationalité ou que, si quelqu’un est handicapé (Naya TAKLA), il faut croire en lui. Et je lui propose de se mettre à la place de cette personne et de penser à ce qu’il fera (Charbel SABBAGH). Je suis sûr que tu seras triste et malheureux qu’on te traite ainsi (Anthony FARAH). On doit aimer les gens, les aider et surtout les respecter pour leur personne (Laeticia El FHAILY). Ainsi, ils nous respecteront eux aussi car nous sommes des êtres humains au final (Tracy ZAKKOUR). Va, fais le tour de la cour et des autres classes et dis-moi si tu vois deux enfants qui sont identiques; chacun de nous est différents, on a étudié ça en sciences en début d’année (Michèle ABOU SLEIMAN). Tu sais Marc, moi non plus je ne vais pas jouer si tu penses de la sorte (Marie-José KHALIL) et je ne suis pas comme toi, je ne juge pas les gens selon leur apparences, alors je fais équipe avec Jean-Louis (Léa YAMMOUNI). Je me retourne et lui conseille de ne pas écouter les critiques des autres et de venir s’amuser avec nous (Orla HADDAD). Je le trouve un peu timide et perdu alors je le rassure que moi, je ne crois pas qu’il y [ait] de différences (Léa BOU FAYSAL) et qu’il est mon ami n’importe sa couleur, l’essentiel c’est qu’il soit gentil (Joya KHALIL). En se dirigeant vers le préau, il me remercie et je lui répète, encore une fois, qu’on est tous pareil (Michèle AMIUOUNY) et que la vie ne vaut rien sans amitié (Abir El RAII). Tu sais, c’est dommage mais les autres ne comprennent pas que la différence est une richesse (Hélia AVAKIAN). »

P’tits, pace qu’ils n’ont que 10ans; sages parce que leurs pensées, leurs idées et leur imagination dépassent celles des adultes. Parce que le racisme n’est créé que par les grands.

 


Quand la beauté prime

C’est simple, nous les détestons. Elles sont parfaites et nous nous sentons invisibles quand elles sont présentes alors nous les détestons. Nous faisons semblant de ne pas remarquer leurs magnifiques vêtements, leurs élégantes chaussures, leur corps fabuleux, leur nouvelle coupe de cheveux et ce maquillage qui leur va à merveille. Nous faisons semblant de les ignorer et nous craignons un face à face avec elles car nous savons qu’elles nous écraseront avec leur intelligence, avec cette fluidité d’esprit qu’elles ont naturellement. Au fond, nous admirons leur beauté mais nous ne l’admettrons jamais. Surtout pas devant elles.

Au travail, elles ne sont pas si chanceuses, elles subissent la jalousie des autres femmes (qui sont parfois leur « boss » ). Quand elles se présentent à une interview, elles se heurtent aux regards perçants de celles qui les détestent déjà. Et pour n’importe quel poste on les étiquette rapidement : elles ont usé de leur charme – même si leur master ou leur doctorat s’affichent clairement, elles ont sans doute profité de leur beauté, c’est évident.

Mais quand est-il de toute cette histoire ?

Je pose la question à cette très belle dame (oh oui, moi je l’admets et je ne les déteste pas, elles sont « belles belles belles comme le jour ») qui me raconte, après un lourd silence, qu’elle est fière d’être jolie et magnifique, voire parfaite. Elle dit qu’elle endure continuellement et que les femmes, surtout celles qui sont mariées, ont peur qu’elle ne leur pique leur « amour », tandis que celles qui ne le sont pas la haïssent encore plus, puisqu’elles la conçoivent comme un pur poison qui envahit les airs. Elle me confie son secret en me chuchotant : « je sais qu’elles m’envient et qu’elles me regardent du coin de l’œil quand je mange, quand je bois, quand je ris ou quand j’embrasse celui que j’aime. Je le sais ça. Mais elles ont beau essayer de cacher leur rancune, leur haine et leur complexe d’infériorité, le fait de ne pas me parler, de ne pas me complimenter, de ne pas être à leur aise quand elles sont à mes côtés me prouve qu’elles sont, non seulement laides mais aussi idiotes. Oui, idiotes, parce qu’elles ne profitent pas de la beauté interne dont elles sont dotées. Cet atout qu’on doit explorer et qui peut se refléter sur notre sourire, notre regard, nos gestes et notre pensée. Certes, je ne pas peux dire qu’elles sont jalouses uniquement car elles sont effectivement dotées de qualités. J’ai mes hauts et mes bas moi aussi mais au moins, j’assume mon existence avec force et fierté. Crois moi, les femmes qui ont la beauté extérieure servent de modèles, celles qui ont la beauté intérieure servent d’exemple. En associant les deux je me retrouve sans succomber à la vanité ; elles, ces femmes qui me détestent, elles ne montrent ni l’exemple, ni le modèle. Et c’est leur faute à elles, moi, je n’y suis pour rien ! »

A l’écouter parler aussi sereinement, je comprends que les belles femmes sont courageuses. Elles savent dès les premières lueurs du jour qu’elles seront confrontées aux préjugés de celles qui, comme cadeau de Noël, souhaitent un brin de beauté, de charme, d’élégance et de distinction. Mais elles haussent leur tête, leurs talons et leurs ambitions et s’engouffrent dans les pépites de la vie.


Sacrifier le sacrifice

Bon, on se tire les cheveux, on chahute, on va dans tous les sens, on rigole, on s’embrasse, on parle fort, on danse, on se raconte les évènements de la journée, on s’entraide, on s’enlace, on se dit je t’aime, on cuisine pour qu’ils soient en bonne santé, on travaille comme des fous pour qu’elles aient les meilleurs moyens de vivre … Non, on ne fait plus cela. Regardez autour de vous et vous verrez que les parents ne se sacrifient plus pour le bien de leurs enfants. Au contraire, le terme « sacrifice » n’a plus de sens, il n’existe plus de nos jours, nous l’avons vivement sacrifié.

Des gamins qui arrivent à l’école avec un sac de chips de bon matin; de belles filles qui demandent à l’enseignante de leur arranger les cheveux car « maman dormait encore quand elles sont sorties »; des jeunes universitaires qui avouent leurs secrets à leur prof après le cours parce que leurs parents n’ont pas le temps de les écouter

Oui, je me heurte toujours à ceux et celles qui me contredisent en me lançant un mais nous aussi nous voulons vivre notre vie, et ma réponse reste la même: votre vie, maintenant, inclut vos enfants. Oh, non!

C’est dommage, je sais.

Dommage pour vous qui ne comprenez toujours pas le concept de parenté et dommage pour ces petits que l’on oblige à naître grands; ou plutôt adultes, car la grandeur n’est autre que majestueuse comme leur présence.

Ce que je ne comprends pas surtout c’est l’idée générale de cette routine inutile, destructive et banale. Un cercle vicieux auquel se soumettent les ignorants uniquement, par ce qu’il le faut. La phrase sublime du summum d’idiotie venant de ceux que j’appelle : une femme et un homme accompagnant un enfant. Oui, car ces derniers ne sont pas de vrais parents. Cette « maman » qui court arranger ses ongles mais qui oublie de laver les mains de son enfant quand il rentre. Ce papa qui est trop occupé à regarder les belles filles au point de ne pas sceller la ceinture de son fils. Ou ce couple qui sort quasiment tous les soirs en laissant « son cœur » avec une bonne étrangère.

Fonder une famille est une responsabilité, un choix suprême, voire une mission et un mode de vie sortant de l’ordinaire. Ce qui ne va plus c’est cette ambiance d’égoïsme et de nonchalance qui envahit l’esprit des « parents ». Ce style de vie qui privilégie le Moi aux dépens du Nous. Il est vrai que les jours et les nuits deviennent des calvaires personnels quand les petits viennent partager Notre vie; or, nous en sommes responsables. Alors nous assumons nos responsabilités avec beaucoup de force, de joie, de folie, d’espoir et de générosité envers des âmes qui n’ont pas choisi d’être là et que nous tuons deux fois: la première en les concevant, la deuxième en les délaissant au grès de Notre Bonheur.

« Vous savez madame, ma tante a eu un enfant! Je suis très contente. J’espère qu’elle sera toujours à ses côtés. Moi ma mère voyage beaucoup et je ne la vois qu’une seule fois chaque deux semaines. Parfois je pense pourquoi je suis née si je ne peux pas rester avec elle?! »

Et nous osons toujours condamner les générations à venir en oubliant que c’est nous qui les formons. Prenez soin d’eux quand ils sont petits afin qu’ils vous soient fidèles quand vous vieillissez. Aimez-les pour qu’ils vous respectent et prouvez-leur que Votre vie ne continue pas sans eux. Peut être qu’un jour ils comprendront pourquoi ils sont nés.


Le diable vit ici

Lorsqu’un peuple vote « argent », « services », « faveurs », « pistons », « famille », « amitié » et que la majorité est convaincue « qu’il vaut bien accepter et rester avec ceux qui nous gouvernent maintenant au lieu de donner la chance à de nouvelles personnes », alors il est bien évident que le diable vit ici.
Le pays coule sous les dettes nationales, les poubelles se baladent dans les rues depuis 10 mois, les enfants n’ont pas de parcs gratuits pour jouer en pleine nature, les députés voyagent et ne prennent pas la peine de travailler. Mais, le comble c’est que le Président de la République est absent. Non, non, on n’est pas en classe et je ne fais pas l’appel, mais ceci est un vrai phénomène que nous vivons depuis plus de deux ans et, comme par malédiction, le peuple ne se sent pas du tout concerné.
La vie continue tant que nous pouvons acheter de nouveaux habits ou une paire de chaussures; tout va bien tant que le coiffeur est ouvert et que l’on peut se faire une pose de vernis chez l’esthéticienne. Et pour les hommes, c’est bon tant que la voiture brille et que le cigare est toujours prêt durant les soirées. Tant que la barbiche est taillée et que le parfum est bien porté, le pays roule à merveille.
La chance revient durant le mois de mai; les élections municipales ont lieu. Réparties sur quatre dimanches, elles s’affirment comme pilier des évènements qui pourraient changer la situation qui viole le Liban depuis plus de vingt ans.
Les jeunes, noyau de la société, croient en cette opportunité. Après plusieurs années de révoltes réprimées par le gouvernement, ils veulent penser que leur vote aura une importance. Ils veulent que leurs voix soient entendues. Ils veulent se sentir utiles quand ils ont laissé leurs écoles, leurs universités et leurs petits boulots pour se réunir et crier Liberté dans la Place des Martyres au cœur de Beyrouth. Ils supplient Dieu ou la nature ou le destin de les soutenir dans leur lutte contre les tyrans. Ces jeunes qui ne veulent pas quitter un Liban qu’ils aiment, ne comprennent pas pourquoi leur pays les déteste autant. Ils ne savent pas pourquoi ils sont obligés de quitter leur Terre brune pour aller chercher fortune ailleurs. Ah! Et ils excellent dans n’importe quel autre endroit, mais jamais dans leur pays natal.
Bon, revenons à notre sujet principal: les élections miracles qui basculeront le régime actuel et qui permettront aux gens de vivre en paix, en sérénité et surtout en dignité; une rêverie d’un jour ensoleillé. La réalité est très loin de cette belle image qui s’avère inaccessible, voire utopique. Ne soyez pas étonnés. Au Liban, les leaders au vrai sens du terme n’existent pas. Ici, le diable a pris leur place. Élire une personne respectueuse et honnête reste une affaire impossible. Dès le premier jour, les résultats annoncent le pire: ce sont les mêmes maires qui reprennent les rennes de leur mairie et de leurs municipalités pour six nouvelles années. Le scrutin n’est pas à la hauteur des attentes des jeunes, Cependant, il reflète une folie incroyable: le peuple –en majorité- veut, volontairement rester dans la situation atroce dans laquelle il vit depuis deux décennies.
Le peuple de mon pays est atteint d’une maladie grave dont les symptômes sont l’orgueil, l’égoïsme, la nonchalance et la folie. Dès que les sous furent lancés à terre, les moutons de Panurge se jetèrent dans l’eau en noyant tous les rêves, toutes les attentes, tous les changements mélioratifs et tout l’esprit de jeunesse qui meurt avant de vieillir. Albert Einstein décrit merveilleusement ce cas lorsqu’il affirme que « la folie c’est de faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Le Liban n’est hanté que par les gens qui piétinent sa surface tous les jours. Le diable n’ose jouer ses cartes qu’avec ce peuple car il sait qu’il sortira gagnant à chaque fois. Il le fait depuis plus de vingt ans et il a compris que ses adversaires n’attendent que la fin du jeu pour aller dormir, ils n’ont jamais pensé à essayer de prendre leur courage à deux mains pour le battre. Il sait bien que « culture », « futur », « choix », « changement » et « dignité » ne sont pour eux que de simples mots dont la définition est inconnue, des termes qu’ils cherchent encore dans le dictionnaire.


Des femmes comme …

Non, ce n’est pas un article qui met en valeur des actrices comme Catherine Deneuve ou Sophie Marceau, ni des chanteuses comme Edith Piaf ou Dalida, ni des spécialistes comme Marie Curie ou Anne-Sophie Pic. Ce n’est pas non plus le 8 mars pour célébrer Le Jour de la femme (une fête que je ne comprends pas), c’est simplement un jour normal et, après plusieurs années d’observation, j’ai pensé que le sujet de cet article pourrait s’aborder.

La définition du concept de la femme varie d’une culture à une autre, d’un pays à un autre, d’une maison à une autre mais surtout d’une femme à une autre.

Des femmes comme Noëlle mettent de côté leur force et leur détermination jusqu’au jour où tout bascule. C’est à ce moment que la bête féroce qui dort en elles, montre ses canines et attaque l’atrocité de la vie. Des femmes d’une douceur à brûler le marbre et d’un cœur à faire trembler un géant.

Des femmes comme Roula ont les pieds ancrées dans le sol. Elles surmontent les entraves et foncent sans se lamenter ou pleurnicher « car les jours sont trop longs et que le mal s’inculque de plus en plus dans leur peau ».

Des femmes comme Mélodie prouvent au monde que la jeunesse et l’optimisme alimentent les esprits créatifs ; que la bonne volonté est une question personnelle et que l’encouragement motive toujours les autres et « qu’il n’y a pas de honte à préférer le bonheur » comme le dit Camus.

Des femmes comme Cynthia ne passent pas inaperçues. Elles incarnent « les bases » qui font d’elles des Brésiliennes (bien qu’elles soient d’une autre nationalité), grâce à leur mentalité, leur mode de vie énergétique et positif, leur beauté interne et leur brin de sexisme naturel (j’en suis témoin). Ce qui les rend enviées mais jamais envieuses.

Des femmes comme Tatiana sautent d’un enfer à un autre sans jalouser celles qui vivent au paradis. Elles ont une capacité surnaturelle à accepter leur réalité et à endurer des agonies permanentes sans le crier sur les toits. Elles ont le don de l’humour et du sourire dans des situations abominables car elles croient toujours que leurs actes « servent une meilleure cause » (traduit de l’anglais to serve a better cause).

Des femmes comme Shirley sont vraiment dotées d’une force divine, (oui j’en suis sûre et certaine). Elles combattent des vagues de malheur et surfent sur la mousse noire des jours ensoleillés mais sont pleines de vie et rayonnent constamment. Comment ? Je ne sais absolument pas !

Des femmes comme Joy pensent toujours que les rêves sont précieux. Malgré toutes les années accumulées loin de l’adolescence elles ne cèdent pas et croient toujours que le prince charmant arrivera un jour (dans une Mercedes comme dans le film de Pretty Woman ou à 80 ans, pas nécessairement à cheval, mais il viendra) et que la vie sera belle.

Des femmes de mon entourage que la vie n’épargne pas, mais qui continuent à être des exemples rares dans une société consommatrice où les valeurs n’ont plus de recoin.

Des femmes idoles par rapport à ces générations qui plongent dans un labyrinthe de détresse, d’isolement et d’égoïsme.

Des femmes que vous avez maintenant la curiosité de connaître et qui valent le coup.


La presse libanaise meurt de faim

Les premières lueurs du jour apparaissaient et nous étions tous prêts à commencer la journée. Les nouvelles s’avéraient négatives, voire sombres. Le pays arrivait au stade d’ébullition et le peuple sentait l’ampleur des évènements. C’était le 10 juillet 2006, nous avions eu ce pressentiment : contacter nos familles et leur demander de rester à l’abri.

Les sources nous envoyaient constamment des rumeurs et nous ne savions plus où réside la vérité. Cependant la réalité tapait fort de son ampleur : nous basculons vers une guerre que les citoyens ne pouvaient point assumer. Financièrement, le pays passait par une crise aiguë ; socialement les membres de la même maison s’entretuaient à cause de ces leaders politiques qui cousaient leurs affaires dans les dessous de notre abominable existence.

« Maman, prépare nos passeports brésiliens, la situation va s’aggraver. Le flux d’informations et les nouvelles rumeurs me semblent péjoratifs ». Or les Libanais qui avaient survécu la guerre des années 1975, n’allaient pas fuir des bombardements israéliens. La folie !

Nous étions assez perturbés que les papiers volaient dans tous les sens. Nous montions dans la « cuisine » pour écrire les détails d’une nouvelle pendant que d’autres descendaient les escaliers pour atterrir dans les studios et diffuser les « flashes ».

« Alors ? Vous pensez que l’armée sera capable de surmonter les attaques ? Qu’en est-il pour les affrontements ? Et l’essence ? Allez que chacun aille remplir le réservoir de sa voiture. Acheter du pain, n’oubliez surtout pas les provisions. »

Horrifiés ou plutôt terrifiés, nous attendions impatiemment l’info du jour. Que se passera-t-il ? Et l’activité à l’aéroport ? Qu’en est-il de l’aviation ? De la navigation ? Les routes sont-elles déjà coupées ?

Il est maintenant huit heures du matin et les gens commencent à digérer les informations diffusées en amont par tous les moyens de communication ; par conséquent, voilà que les appels téléphoniques se transforment en une parfaite mitrailleuse. « Donc il faut que je fasse les courses ? Croyez-vous que le pays sera abattu par l’ennemi ? Et mon business, je viens d’ouvrir un magasin de prêt-à-porter !!! Dois-je chercher les enfants de l’école ? Mais madame la journaliste, soyez honnête, dites-nous ce qu’il faut faire ».

Aucune idée !!! Mon esprit flottait dans les airs mais mon mécanisme bureautique et ma motricité fonctionnaient à merveille car avant tout, il fallait que je demeure alertée, moi qui attendais une extravagante surprise vue la tempête qui se préparait dans l’horizon.

Bip.Bip.Bip.Bip. « Nous vous adressons ce communiqué afin de vous révéler que l’autoroute principale menant à l’aéroport vient d’être coupée par des milices appartenant à un parti politique. Nous vous demandons de ne pas diffuser cette information avant notre signal. Toute indulgence ou propagation de cette histoire avant notre accord vous rend responsables des conséquences. Notre but est de vous tenir au courant afin que vous puissiez contacter vos reporters ou autres personnes sur le terrain pour ne pas saccager cette situation en divulguant cette information qui demeure secrète, pour l’instant. Merci pour votre coopération ». Avec sûrement  le nom, la signature et l’emblème officiel de l’émetteur.

« Allô ?! Mr. le rédacteur en chef ?! Je sais que vous conduisez et qu’il ne faut pas que je vous contacte mais « il a fallu que je [vous] raconte cette histoire au plus vite », je crois qu’on doit la diffuser immédiatement. Ce n’est pas logique de cacher ce qui se passe vraiment. Imaginez-vous qu’il y ait une famille avec des enfants et un nourrisson qui s’apprêtent à rentrer à Tyr, ils seront coincés pour je ne sais quand dans cet enfer. Et puis, nous devons contacter notre envoyé spécial pour plus de détails. Je lui demanderai d’enregistrer une bande sonore, je fais le montage moi-même, ne vous inquiétez pas et je la passe sur les antennes. Par la suite, nous pouvons lui parler en direct puisque le journal commence dans quelques temps. Et puis, ces milices armés, oh là là, ce n’est pas bon signe. J’ai l’impression qu’une vague de violence se prépare, oh là là … alors je vous attends ou je fonce ? Oui, oui, toute l’équipe et présente. Oui, oui, les gens nous appellent de partout. Attendez, il semble qu’un homme se trouve dans l’aéroport et il vient de contacter notre réceptionniste, la direction a annulé les vols pour le reste de la journée. Oh mon Dieu, que se passe-t-il ? D’accord, oui, oui. Non, j’attends votre feu vert pour INFORMER LE PEUPLE. Et donc ? Les conséquences ? Mais quelles conséquences ? Nous entrons dans une phase de pré-guerre !!!! C’est notre devoir … C’est leur droit de savoir … Mais … Mais … Je vous passe ma collègue. »

Deux jours après, la fameuse guerre de 2006 nous annonce les enfers. Le peule baigne dans une terreur affreuse, les gouverneurs prennent leurs « jets » privés et s’envolent vers Chypre ou d’autres pays voisins qui se vantaient –pas pour longtemps- d’une stabilité invincible et d’un régime enraciné et intouchable –pas pour longtemps aussi- ; et le journalisme lui, dormait profondément dans les bras de Morphée.